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Emilie Decanis (1881-1955)
Céramiste française.
Emilie Decanis
est née à Aix en Provence, la dernière d’une famille de cinq enfants. Son père est éleveur de porcs et de moutons, et sa mère dirige un commerce d’alimentation.
A la mort de cette dernière, Emilie décide à l’âge de trente huit ans (en 1919) de suivre les cours de peinture des Beaux-Arts de Marseille. Elle s’oriente rapidement pour les cours de céramique.
Une production moderne attachée aux traditions populaires
Fin 1930, Emilie est victime d’un grave accident qui lui brise les deux jambes. Refusant l’amputation, c’est avec l’argent des indemnités qu’elle achète un grand four cours d’Orbitelle à Aix.
Attachée aux traditions populaires, sa production utilitaire (pichet, vase, assietton, saladier d’oursin, grand plat …) et artistique de faïences et de terre cuite est colorée et gaie, décorée d’un bestiaire de chats, de salamandres et de fleurs.
Emilie Decanis, l'enseignement artistique de la génération après guerre
En parallèle de son atelier où elle forme à la céramique quelques jeunes de passage, Emilie Decanis enseigne dès 1929 à l'Ecole des Beaux Arts de Marseille. Elle a transmis son art à une génération de céramistes comme Jean Amado
(1922-1995), les frères Frédéric
(1923 ) et Philippe Sourdive
(1912-1978), les Buffile, Carloz Fernandez
(1905-1969). Parmi les jeunes formés, citons aussi, de 1942 à 1944
René Ben Lisa
(1926-1995) et en 1946 Jean Rivier
(1915-2017).
Quelques précisions sur le contexte historique : durant la seconde guerre mondiale, de nombreux réfugiés ont migré en zone libre en Provence : à Aix, Léonie Sautet (future Madame Buffile) se lance dans la fabrication de bols et d'assiettes, qu'elle cuit chez Jean Amado. Ce dernier a découvert la céramique auprès de sa voisine Emilie Decanis (Cours d'Orbitelle). En 1943, Jean accueille et forme Carlos Fernandez, qui à la Libération ouvrira son propre atelier céramique dans la cité aixoise. Tous profitent des conseils techniques et du soutien matériel d'Emilie Decanis. Son savoir et son expérience sont reconnus bien au delà de la région aixoise.
Sous le régime de Vichy, en 1942, l’ancienne Manufacture Royale de faïence de Montpellier
est réhabilitée en école de Formation Artistique de Fontcarrade
pour enseigner l'apprentissage de l'art de la céramique. Emilie Decanis est nommée à la direction de cette école pour créer un pôle d'excellence de la céramique française (selon les sources, les dates ne sont pas identiques : en nomination en 1942 et présence à Fontcarrade à partir de 1942, ou départ de Marseille en 1946 pour Montpellier ou encore limogée en 1944 de l'école des Beaux Arts de Marseille). Une vingtaine d'élèves sélectionnés et issus majoritairement des écoles des Beaux-Arts suivent une formation de neuf mois : trois pour le moulage, trois pour la forme, et trois derniers pour le séchage et la cuisson.
Au delà de la formation, Emilie transmet sa passion pour ce beau métier et insiste le rôle de l'artisan pour renouveler et dynamiser la poterie utilitaire. Ses étudiants ont le respect de son attachement aux traditions populaires. Parmi ses élèves, citons Alice Colonieu,
André-Aleth Masson,
Isabelle Ferlay,
Robert Auguste,
Gyn Gausserand (formée en 1948-1949), René Maurel ,
Jean Paulet, Gilbert Valentin ou encore
Mithé Espelt (formée 1943-1944). Cette école d'exception ferme ses portes à la Libération, plus précisément elle est transformée en un centre de formation professionnelle accélérée, et ferme définitivement en 1950.
L'école d'Aix
Le groupe d'artistes formés autour de l'enseignement d'Emilie Decanis est nommé
'l'école d'Aix'. Citons Jo et Jean Amado, René Ben Lisa, Carlos Fernandez, Jean Buffile, Georges Jouve, les frères Sourdive, Daniel Beaudou, Cecil Michaelis et Emilie Decanis.
Arrivé à Aix en 1954, Georges Jouve fréquente alors ce groupe. Cette même année 1954, une grande exposition autour des céramistes Aixois à Gand (Belgique) présente une centaine de pièces.
En 1965, l'Exposition internationale de la céramique contemporaine au musée Cantini à Marseille, expose pour la dernière fois le groupe des céramistes aixois, qui va se disloquer .
Texte © Christine Lavenu ( créé le 11/07/2019, maj 22/04/2025)
Sources, pour voir et en savoir plus :
François Lippmann, Marie-Pascale Suhard, Juliette Derel, céramiques, Editeur Snoeck Publishers, 2023
La revue de la céramique et du verre n° 138, 89, 77, 33
Antoine Candau - Mithé Espelt - Editions Odysée, 2020.
Musée Granet , Catalogue 10 CERAMISTES AIXOIS AUTOUR DES ANNEES 50 - Exposition, 10 juin-30 septembre 1994
Come Rémy, Bartoletti Laurence, De Bruignac-La-Hougue, Forest Dominique, Gros Anne, Lacquemant Karine - Création en France, Arts Décoratifs 1945-1965, Gourcuff Gradenigo, 2009.