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Claude Morin (1932 - 2021) &
Florence (Seydoux) Morin (1934 -)


Duo de verriers français.

Avec passion et enthousiasme, Claude et Florence Morin ont contribué au renouveau du verre français dans les années 70. 
Pionnier du verre individuel, avec la complicité de Louis Mérieux (créateur du musée du Verre à Sars-Poterie), de Claude, Isabelle et Véronique Monod, d’Yan et Catherine Zoritchak, tous acteurs fondateurs du mouvement historique international du Studio Glass, l’expérience et l’ascension rapide des Morins reste un modèle pour les jeunes générations pour progresser dans cet art. 
claude morin
En 1969, contraint de trouver un emploi à la suite de la fermeture de l’entreprise familiale de textile à Dieulefit (Drôme), Claude et son épouse Florence décident de s’orienter dans les arts du feu et de rester dans leur village. Bien que fascinés par le travail du potier et verrier Etienne Noel, leur choix se tourne vers la verrerie plutôt que la céramique, qui est déjà bien impliquée dans la région avec Georges Jouve, Jacques Pouchain ou encore Dominique Baudart.
A l’heure des manufactures automatisées et industrielles de verrerie, c’est un véritable défi que se lancent Claude et Florence. A cette époque, les ateliers individuels ne sont pas présents en France mises à part quelques verreries artisanales comme celle de Eloi Monod à Biot. 

Autodidacte, Claude Morin se forme en observant les gestes de base des souffleurs. L'absence de formation traditionnelle lui donne une grand liberté pour concevoir ses propres méthodes de travail. Au début de l’année 1970, à Dieulefit, il transforme un vieux bâtiment d’usine la ‘Fabrique Neuve’ en atelier et y construit ses propres fours à gaz.
Unis dans la vie et dans le travail, Claude souffle à la canne et Florence prépare à donner le pontil.
claude morin
Le 27 juin 1970, parrainé par Madame Etienne Noel, l’atelier de verrerie est inauguré sous le nom ‘Le Pontil’ . Ce lieu sert de magasin pour vendre la production et permet aussi de faire des démonstration de l'art de souffleur de verre aux visiteurs de passage dans la Drôme.
claude morin
La première exposition à la  Galerie Club de Genève en septembre 1970 est le début du succès de la verrerie des Morin. S’en suivra une longue décennie d’expositions à l’internationale.   

Le couple devient les premiers verriers individuels de vivre de leur production, avec une reconnaissance internationale en seulement quatre ans. Hors des frontières, ils ont tissé des liens fidèles et sincères avec les verriers souffleurs Harvey Littlelon et Sybren Valkema.
Claude morin
En 1978, Claude Morin fonde l’Association pour le Développement de la Création Artistique en Verre (ADCAV). Dans le livre ‘The story of studio glass’ de Finn Lynngaard, il raconte la création de sa verrerie et les évènements qui ont marqué son histoire. 
En avril 1982, il participe au premier symposium du verre contemporain en France, qui réunit les nouveaux artistes verriers français, soutenus par leurs collègues étrangers et acteurs du mouvement historique Studio Glass. Claude fait équipe avec Makoto Ito (Japon) et Philips Myers (USA) pour créer une pièce commune.
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Dans son atelier à Dieulefit, Claude accueille et forme des jeunes verriers français et étranger comme Jean-Pierre Umbdenstock ou le québécois Jean Vallieres. Fin 1986, il reçoit le verrier américain Dale Chuhily pour créer des pièces destinées à l’exposition du Musée des Arts Décoratifs. 

Claude n’hésite pas à écrire quelques articles dans la Revue de la Céramique et du Verre et à partager ses connaissances techniques pour améliorer la consommation d’énergie des fours.
Pour promouvoir la verrerie en France, le couple Morin expose avec les céramistes Jean Girel, Gisèle Buthod Garçon, Loul Combres, ... à Ob’Art 87, une extension du salon des Ateliers d’Art organisé par Jacques Blin, alors président du salon appelé aujourd’hui Maison Objet

Actifs pour leur région, Claude et Florence soutiennent des projets artistiques comme celui de Pierre Abattu à Crest en1994, qui a en charge à la Fonderie d’Art Barthélémy d’aider des artistes dans leurs créations d’objets en pâte de verre.

claude morin
Sous l’impulsion de Claude Morin, Dieulefit est devenu l’un des ateliers les plus innovants et créatifs de son époque.

Le travail artistique des Morin évolue au fil du temps passant d’une production utilitaire aux formes simples et équilibrées (pichets, soliflores, gobelets, galets, …), à des vases élancés et des grandes bouteilles ‘folles’ jusqu’à des pièces artistiques plus élaborées et décoratives comme des pièces à spirales. 

Claude morin
Dès de 1991, Claude développera une œuvre très personnelle de pièces sculptées figuratives en pâte-de-verre à la cire perdue.
Bercés dans l’univers du verre, les quatre enfants du couple, Frédéric, Nicolas, Vincent et Pernette travaillent le verre pendant les vacances. 

Après une carrière professionnelle en tant qu'architecte pendant plus de 10 ans, Frédéric Morin retourne au verre dans l'atelier familiale en 1991. Il y développe une conception de verre coulé qui reste unique en Europe. En 1995, il crée son propre atelier spécialisé dans le coulage du verre chaud et la pâte-de-verre dans la Drôme à Montoison puis à Saillans. 
Avec la contribution de Salomé, il met au point un procédé de pâte-de-verre en basse température. Parfois co-signée, son œuvre de sculptures féminines, animalières et de couples est présente dans les galeries françaises et à l'international. En parallèle de l'activité de verrier-sculpteur, Frédéric est enseignant conférencier de 1988 à 2015. Il est aussi auteur de livres scientifiques sur l'architecture bioclimatique, l'architecture de sa région ou encore les techniques de verrerie. 

Après son diplôme d'architecte en 1984, Nicolas Morin s’associe à son père  et le remplacera en 1994. Il a su imaginer et mettre au point ses propres techniques de travail pour se dispenser 'd'un assistant pour le soufflage des pièces courantes ce qui est quasiment inconcevable dans la tradition'. Verrier reconnu en France et à l'étranger, son œuvre personnelle témoigne de son talent de sculpteur du verre. 

L'atelier 'Le Pontil' ferme ses portes en janvier 2005.

Dans l'ouvrage 'Claude et Florence Morin, Mots et merveilles en verre', aux Editions Louvre Victoire, sorti en avril 2021, Alain Bardin met en scène l'histoire de la première décennie de la verrerie du Pontil des années 1970, en se consacrant uniquement aux pièces unicolores et à quelques décors jaspés ou en ramage. 

Pour découvrir la vie et l'œuvre des Morin, l'auteur propose un voyage abécédaire photographique dévoilant comment la matière et la lumière s'amusent de la transparence du verre flirtant avec le temps qui passe. 

Jeu de mots, jeu de rencontres, jeu de hasard avec le verre et le feu, l'image est fidèle et respectueuse de l'état d'esprit du couple, si généreux et sensible à la Nature et à la Terre.  

Mettant en évidence la modernité de leur travail, cette promenade urbaine et champêtre procure un véritable bol d'air frais. Une poésie visuelle, très éloignée de l'habituel objet nu ou posé sur un mobilier. 

En septembre 2022, une exposition sur la verrerie de Claude Morin, organisée par sa famille devrait avoir lieu dans son village à Dieulefit.

Texte © Christine Lavenu (05/05/2021)
Sources : 
Entretien avec Alain Bardin avril 2021
La revue de la céramique et du verre, n°239, n°119, n°105, n°96, n°88, n°76, n°72, n°71, n°62, n°58, n°54, n°52, n°46, n°43, n°42, n°37, n°31, n°30, n°25, n°22, n°19, n°14, n°13, n°10, n°9, n°8, n°7, n°5, n°7, n°4, n°1. 
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