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Etienne Noel (1885 - 1964)


Peintre, céramiste et verrier français.

Pionnier de la céramique d'Art dans la Drome provençale, à Dieulefit. 
Peintre de formation, Étienne Noël crée, dans l'entre-deux-guerres, une poterie utilitaire d'avant-garde et une verrerie qui fut la source première du renouveau du verre en France.

Né à Orléans en 1885, le jeune Etienne Noël obtient deux baccalauréat, le premier en lettres et philosophie en 1883, et le second en droit en 1905. 
Licencié en droit à l'Académie de Paris en 1906, il est initié à la peinture par Maurice Asselin également orléanais. Après son service militaire, de 1908 à 1914, il mène une vie d'artiste peintre dans un atelier du XIVe arrondissement. 
Son amitié avec Maurice Asselin, l'amène à rencontrer les artistes dont André Derain, Albert Marquet, Moise Kisling, ou encore Raoul Dufy. Ni fauve, ni cubiste, son style s'en inspire mais reste personnel. C'est un excellent aquarelliste et un très bon coloriste.

Grâce à Maurice Asselin, Etienne Noel découvre la Bretagne du Sud, notamment Moelan-sur-Mer et Brigneau (Laurence Penven détaille les œuvres peintes par Etienne de 1911 à 1914).

Lorsque la 1ère guerre mondiale éclate, Etienne part sur le front où il se retrouve avec le peintre breton Mathurin Méheut. Il retranscrit les scènes de la guerre dans des aquarelles et ses impressions dans des poèmes. 
Grièvement blessé à la colonne vertébrale et aux poumons en 1915 par un tir d'obus, il voyage d’hôpital en hôpital pendant 7 ans et lutte pour se rétablir. 

En 1919, reconnu blessé de guerre, l'Etat leur offre une formation. Etienne choisit l'enseignement de la céramique. Cette formation se fera auprès des « Blessés de l'atelier Lachenal » à Châtillon près de Paris, sous la direction du sous-lieutenant et céramiste Jean-Jacques Lachenalfrère de Raoul. 

En 1922 et ne pouvant plus trop peindre, il s'installe à Dieulefit et rachète la fabrique de poterie Louis Pignet en déshérence qu'il rebaptise la « Poterie de la route ».  Quatre années suffisent pour redresser l'affaire et en être pleinement propriétaire. Il se marie avec Germaine Rougier, qui a une fille de son premier mariage et qui sera décoratrice à la poterie. Le couple donne naissance en 1927 à un garçon Dominique.
Étienne Noël reprend les formes traditionnelles de la poterie culinaire et des services de table émaillés à l'alquifoux, mais il cherche rapidement à les moderniser en introduisant le style Art Déco. Il joint à cette production des objets utilitaires (pots à tabac, pieds de lampe...) émaillés dans des couleurs vives issues de ses recherches (orange, noir, bleu).
Progressivement, la poterie culinaire est abandonnée pour des pièces plus décoratives et artistiques (avec dessins gravés dans l'engobe) qu'il présente à l'Exposition des arts et techniques de 1937 et pour lesquelles il est récompensé d'une médaille d'or. 
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Étienne Noël travaille la recherche d'émaux, dans le temps. En 1925, ce sont le bleu turquoise et le blanc,  en 1926 le vert et l'aubergine, en 1928 le le blanc-gris et le gris, en 1931 le gris-fumé et le rouge, en 1932 le rouge corail, rouge corail opaque, rouge aux cristaux violacés et 1936 le noir. Il obtient aussi des émaux craquelés, opaques et grumeleux, et utilise l'alquifoux teinté pour donner un aspect plus brillant à la pièce. Ses travaux réussissent grâce à ses relations avec la Manufacture Nationale de Sèvres. En 1938, cinq coloris sont proposés : jaune, vert, brun-rouge, bleu-nuit et brun-noir. 
En complément des couleurs, il innove en créant des formes modernes : le service de table octogonal date de 1925
Étienne Noël s'attache une clientèle parisienne en diffusant ses créations aux Galeries Lafayette et en ouvrant, à partir de 1935, la galerie de l'Arcade dans le quartier de la Madeleine. Ses œuvres céramiques sont également diffusées à Londres, en Afrique du Nord et surtout sur la Côte d'Azur. Il possède aussi un magasin à Paris pour exposer en plus des céramiques ses peintures et aquarelles.
Le Musée des Arts Déco conserve dans sa collection deux de ses vases. 
Ses pièces terminent sur les tables de la Duchesse de Windsor ou de Sacha Guitry. Il est également régulièrement exposé à Lyon en même temps qu’Anne Dangar ou Albert Gleizes.

Etienne Noël se diversifie avec une production de verrerie, née d'une rencontre qui lui fait comprendre le besoin de rénovation des vitraux des églises et cathédrales soufflés par la guerre Il participe à la restauration des vitraux de la Sainte-Chapelle à Paris, et des cathédrales de Bourges et de Chartres. Il déposera même quelques brevets pour de la verrerie culinaire ( comme la fameuse 'pomponette', flûte à champagne sans pied). Mais sa plus grande réalisation sera les carreaux de verre des portes du pavillon français de l'exposition universelle de Paris en 1937, portes qui seront ensuite réutilisées par le palais de Chaillot et le palais de Tokyo
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Tout cela nécessite des investissements qui fragilisent les finances de la poterie, devenue Société Etienne Noël (SEN). Cette dernière sera bientôt en faillite et dissoute en 1943. Les moules en particulier seront vendus à d'autres artisans potiers du secteur. 
La signature NE intervient dès 1925, mais toutes les pièces ne sont pas signées. Le cachet rond 'Etienne Noel, Made in France' intervient en 1936, puis de 1939 à 1943, c'est le cachet 'Société Etienne Noel. Made in France.'

Réfugié en 1945 à Nice pour raison de santé, Etienne Noël conseillera plusieurs verriers de Biot : on prétend que c'est lui qui va divulguer à Eloi Monod le secret du verre bullé qui est resté la marque de fabrique de Biot. 

Il reviendra à Dieulefit dans la poterie de son gendre : il sera à ce moment proche du jeune Georges Jouve qui a sans contestation bénéficié de ses conseils (travaux sur le craquelé en particulier). 
Les œuvres de jeunesse de Jouve (souvent sculpturales et religieuses) proviennent de l'atelier du gendre d'Etienne Noël, et portent parfois son tampon. 

Etienne Noël décède en 1964.

Celui qui fut un maître de la céramique et du verre retrouve avec le temps un intérêt auprès des amateurs de  céramiques.
signature etienne noel ceramique
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Texte © Christine Lavenu (c 21/06/2020 maj 21/02/2022)
Sources : 
Site du musée des Arts Décoratifs 
Article journal du Dauphiné 11 septembre 2018.
Catalogue Etienne Noel, exposition juin-octobre 2002 
Histoire poterie Dieulefit 
Galerie Martial Duvert
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