Tiffoche


Gustave Tiffoche (1930-2011) 


Céramiste, sculpteur et peintre français. 
Spécialiste du grès, Gustave Tiffoche a contribué au renouveau de la céramique française en modernisant le grès utilitaire vers la sculpture céramique.

Itinéraire, entre mer et terre
Né à Saint-Nazaire en 1930, Gustave Tiffoche poursuit des études techniques dans la section industrie. En 1945, sur les bancs du lycée, il rencontre Sylvette qui deviendra plus tard sa femme et sa collaboratrice de travail. 
Dès 1947, il entre aux chantiers navals de sa ville natale. Durant seize années, il y exerce les métiers de dessinateur, de projecteur, de maquettiste et participe ainsi à la construction et à la décoration des grands paquebots comme le ‘France’ et le ‘Shalom’. 

En parallèle, il s’adonne au dessin et à la peinture. Il suit assidument les cours de peinture de l’école municipale de Saint-Nazaire avec Emile Gautier comme professeur. Le jeune homme commence déjà à exposer son travail de peintre.

En route vers la céramique 
Durant l’été 1961, il s’initie à la poterie lors d’un stage au château de Ratilly du couple Pierlot. C'est dans ce lieu d'exposition, qu'il découvre les œuvres des grands céramistes de l’époque comme Bernard Leach, Shoji Hamada, Raîja Tuumi, Antoni Cumella, Georges Jouve, Yves Mohy, Jean et Jacqueline Lerat, ou encore Antoine De Vinck. Gustave fera un passage à la Borne pour parfaire sa formation.

Mais à 33 ans, en 1963, le jeune homme décide de « reprendre sa liberté » et de tout abandonner pour se lancer dans l’aventure de la poterie. Sylvette, son épouse, explique : « Il s'ennuyait aux chantiers et, de tout temps, s'adonnait au dessin et à la peinture. Quand il a pris sa décision, j'ai dit pourquoi pas !». 

Le couple s’installe dans une chaumière à Guérande, au Petit-Poissevin. 
Tout près de l'océan et de marais blanchis par le sel, Gustave et Sylvette commencent par fabriquer des grès utilitaires et décoratifs de belle qualité. La cuisson des pièces se fait dans un grand four à bois (1300°C) et dans un four à gaz que Gustave a construit lui-même pour le travail de série. Les pièces personnelles marient tradition et modernisme, les vases sont de plus architecturés, les pieds de lampes plus géométriques. 

Le grès est une matière très en vogue dans les années 65-75 qui séduit le public. Le succès est au rendez-vous : « on vendait toute notre production, de la vaisselle et des pièces utilitaires de notre création. »
Nombreux jeunes se sont formés dans l’atelier Tiffoche comme Maya Michenmacher ou le bref passage de Michel Pastore et Evelyne Porret. D’autres sont restés pour aider à la production de série comme la tourneuse suissesse Suzanne Schurch (trois années), Odile Maisonnneuve (en 1978 durant deux ans), Françoise Dufayard (quatre ans), le danois Jorgen Hansen (pour la construction et le test de petits fours).

La voie de la sculpture
Libéré de la série utilitaire, Gustave se consacre aux recherches portant sur l’équilibre et le dépouillement. L’idée est de retrouver la force du premier geste. La créativité primant sur la productivité, il refusera des commandes pour le Bon Marché (Primavera)

L’homme veut sculpter dans l’espace. Pour lui, « la poterie est aussi sculpture, car elle fait partie de l’univers des forme et des volumes. ».  Il se met à façonner et terminer au colombin des pièces plus monumentales et sculpturales. Il travaille aussi à la plaque de grands vases, des boites géantes, des colonnes boites.
Gustave Tiffoche
A partir de 1977, dans le cadre des ‘1%’, Gustave répond aux commandes de sculptures monumentales. Citons les fontaines du Parc de la Beaujoire à Nantes (1987), de la rue Stéphane Guilleme à La Roche sur Yon ou de l’IUTde Saint Nazaire (1981). 
En 1987, désireux de partager son expérience, Gustave enseigne la céramique jusqu’en 1990 à l’école d’Art Plastique de Saint Nazaire. 
Gustave Tiffoche

Considéré comme un précurseur de la sculpture monumentale en grès, Gustave Tiffoche est promu chevalier de l’ordre des arts et des lettres le 26 décembre1987. 
Signature pour la céramique: le monogramme GT signe les pièces utilitaires. Les pièces uniques sont signées Tiffoche incisées avec ou non le marque GT de l’atelier.
Gustave tiffoche signature

La peinture à plein temps
En 1990, c’est la retraite : Gustave décide de se consacrer entièrement à la peinture dans en Haute Provence. Sa belle-fille Pascale Henry-Tiffoche reprend son atelier céramique, elle y poursuit la production de grès au sel de Guérande et impose son propre style avec des faïences colorées.

Mais durant cette période, l’homme n’a jamais cessé de peindre. 

L’homme n’aimant pas se répéter, son œuvre de peintre évolue au fil du temps : au début, Gustave peint des bateaux, des paysages, des portraits, des natures mortes, puis il vire vers l’abstraction pour revenir plus tard à la figuration expressive. 
Gustave Tiffoche

Les voyages, sources d’émerveillement et d'inspiration.
Les voyages ont influencés la créativité de Gustave Tiffoche dans la céramique que la peinture. 
Les différentes voyages (USA chez les indiens Navajos, Sénégal, Mexique) lui ont apporté le regard poétique et coloré que l’on retrouve dans ses toiles. Les USA amèneront les vases triangulaires, les vases transpercé, les totems, la Russie les boites et armures, le Sénégal les masques et poupées, le Mexique les colonnes.

Une œuvre reconnue en France et à l’Internationale
« Si la terre a envie de s’exprimer, il faut la faire laisser faire. Quand les deux, moi et la terre, ne faisons plus qu’un, c’est un grand bonheur.» dixit Gustave Tiffoche à Françoise de Loisy en 2007.

Texte © Christine Lavenu  publiée 20/10/2023,  Photographies © C.Lavenu © Pascal Marziano

Sources : 
La revue de la céramique et du verre, numéros 6,18,22,25,40,41,51,52, 73, 165, 178, 180, 181     
Catalogue exposition rétrospective Itinéraires (Guérande, Centre culturel Athanor, 22 juin au 18 août 2012)
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