rouard


Voir plus de pièces
Galerie ROUARD  


Georges Rouard (1874-1929) est un amateur d’art érudit, un collectionneur. En 1920, il se présente comme céramiste-verrier propriétaire de la maison la Paix, et président depuis 1920 de la Chambre Syndicale de la Céramique et de la Verrerie, inspecteur départemental d’enseignement technique ainsi que membre du conseil administration de Union Centrale des Arts décoratifs. 

Mais c’est en 1900 qu’il prend au 34 avenue de l'Opéra à Paris, la direction de la maison de vente "A la Paix", fondée vingt ans plutôt par Jules Mabut

Dans les années 1920, cette maison est renommée en galerie Rouard. Cette boutique présente des services d’Art de la table de différentes manufactures (manufacture royale de Saxe, Daum, Val Saint Lambert, Limoges, Boch Frères et Sèvres), des cristaux et meubles artistiques de Gallé, des services de porcelaines. 
Depuis 1914, elle promeut les arts décoratifs modernes et diffuse les œuvres d’artistes décorateurs, de verriers, de dinandiers, de orfèvres, de émailleurs et de céramistes. 

En parallèle de la diffusion, elle est aussi créatrice de pièces en verrerie d’art, gravée au nom du magasin : Verrerie de la Paix ou ‘Henri Laurent Desrousseaux – verrerie de la Paix – 34 av. de l’Opéra, Paris’. Henri Laurent Desrousseaux (1862-1906) était peintre, illustrateur et céramiste, aussi connu sous le pseudonyme Robalbhen.

Comme son prédécesseur Jules Mabut, dépositaire entre autres des productions Gallé, Georges Rouard développe ses activités commerciales en passant des contrats d’exclusivité avec les grandes manufactures, 
En tant que président de la chambre syndicale de la céramique et la verrerie, la position Georges Rouard est renforcée auprès de ses collègues céramistes et verriers. Il les informe des dernières évolutions législatives et administratives touchant leur corporation et il défend au mieux leur intérêt auprès du ministère des Finances. 

En 1914, il fonde le groupe des Artisans Français Contemporains, ce qui lui permettra de défendre dans sa galerie les artisans céramistes. 
Le 24 février 1914, Georges Rouard expose à Auguste Delaherche un projet d’exposition spécialisée dont l’objectif serait de réunir et d’exposer des artistes décorateurs ‘intéressants’ dont chacun présenterait 15 à 20 pièces, et cela deux fois par an pour les expositions d’Automne et de Printemps. Avec le public collectionneur et amateur de la galerie, les céramistes et verriers trouveraient client et se feraient connaitre. En contre parti, Georges Rouard demanderait aux exposants de ‘le considérer comme le seul marchand à Paris, et de ne pas se laisser entrainer par les concurrents’ de sa maison.  
La première exposition intitulée ‘Les Artisans Français Contemporains chez Géo Rouard’ a lieu du 15 au 30 mai 1914 avec la participation de René Lalique, Clément Mère, Franz Waldraff, Georges Bastard, Jacques Lenoble, Emile Decoeur et Jean Dunand, en lançant dix mille invitations. 

L’expérience étant concluante, elle est renouvelée chaque année jusqu’en 1935. Cette exposition collective est organisée en même temps que les expositions permanentes de la maison Rouard. Les plus grands artistes décorateurs y participent comme les céramistes René Buthaud, Auguste Delaherche, Emile Decoeur, Pierre Lebasque, Jacques Lenoble, Jean Mayodon, Georges Serré, Henri Simmen, les verriers François Décorchemon, René Lalique Henri Navarre, les dinandiers Jean Dunand, Claudius Linossier, les orfèvres Maurice Daurat, Jean Puiforcat, etc .

Pour certain comme Decoeur, Décorchemon, Lalique ou Dunand, un contrat d’exclusivité lie la galerie aux membres des Artisans Français Contemporains, ce qui fidélise les artistes décorateurs, n’exposant pas leur œuvre dans les grands magasins. Emile Decoeur travaillera avec la maison Rouard de 1907 jusqu’en 1953 et le céramiste Marcel Goupy (1891-1954) pendant plus de cinquante ans. Ce dernier est aussi son directeur artistique de 1909 à 1954, qui a su entre autres renouveler la tradition des arts de la table avec le service baptisé ‘Les Provinces de France’. 

En 1930, pour écrire la brochure d’exposition, la maison Rouard sollicite le talent de Paul Valéry qui rédigea le célèbre texte De l’éminente dignité des Arts du Feu.’    

En présentant dans un même lieu de vente les arts de la table et les arts décoratifs et en privilégiant la pièce unique et l’édition semi industrielle, la galerie Rouard touche un public de collectionneurs et d’amateurs aisés attirés par la renommée de la boutique. Devenant une référence de qualité et de prestige dans ce milieu, elle est considérée comme ‘l’un des meilleurs centres d’art décoratifs français’. Les pièces sont achetées par les collectionneurs français et étranger, par les critiques d’art, par l’Etat. 

Pour promouvoir les Arts Décoratifs, la galerie participe aux salons français (Salon des Artistes Décorateurs) et étrangers (Turin, Sao Paulo, Barcelone, Zurich, Amsterdam, New York, Leipzig, Madrid, Bucarest, Athènes, etc.) et à des grandes expositions comme l’exposition internationale des Arts Décoratifs et Industriels Moderne de 1925 à Paris. Elle collabore aussi à la publication d’articles dans la presse spécialisée comme la revue Art et Décoration. Elle prête ses pièces ou ses photographies aussi bien aux journaux de décoration qu’aux expositions. 

Après la mort brutale de Georges Rouard en 1929, son fils Paul prend la direction de la maison jusqu’en 1931, puis son gendre André Chesnay jusqu’en 1966, date à laquelle les portes de l’avenue Opéra ferment. 

Dans les années 40 après-guerre, la maison Rouard expose Jean Lerat, Guidette Carbonell, Maurice Savin, Luc et Marjolaine Lanel, …. 

Jusqu’en 1953, elle diffuse des œuvres des Artisans Français Contemporains, puis ce sera ‘l’agence des grandes manufactures françaises et étrangères’.

Texte Christine Lavenu
Sources : 
Le Revue de l’Art, numéro 118, 1997, Véronique Ayroles ‘Un artiste-décorateur et sa galerie au XXe siècle : François Décorchemont et la maison Rouard.’ 
Archives Fondation des Ateliers d'Art
Share by: