Lachenal


Edmond Lachenal (1853 - 1948) 


Céramiste, peintre et sculpteur français, Edouard Achille Lachenal, dit Edmond, fut attaché à l'Art Nouveau.

Ses fils : 
- Jean-Jacques Lachenal (1881-1945)
- Raoul Pierre Lachenal (1885-1956) 

Edmond Lachenal a contribué à la renaissance de la céramique aux environs de 1900.

 A l'âge de 12 ans, Edmond Lachenal est apprenti potier à Paris (Vaugirard) chez Victor Rouvier. Trois ans plus tard il s'engage dans la garde nationale.
En 1870, chez le maître céramiste Théodore Deck (1823-1891), il découvre les secrets techniques de la profession, dont le fameux "bleu Deck" (couleur turquoise). En 1873, son travail est récompensé de la mention très honorable à l'Exposition Universelle de Vienne.

Restant une dizaine d'années chez Deck, dès l'âge de 18 ans, il dirige l'atelier de peinture sur faïence, avant de s’installer à son compte en banlieue parisiennes dès 1880. Ses premières pièces sont encore très influencées par l'art de Deck. 

Céramiste au tempérament de peintre, Edmond Lachenal puise d'abord son inspiration dans les arts hindous et persans pour produire des faïences dans le gout d'Iznik

Durant le XVIe siècle, la poterie Iznik connut un grand succès grâce à l'impulsion du Sultan qui souhaitait embellir la nouvelle capitale Byzance (Istanbul). Cette céramique de qualité s'exporte vers l'occident. Les  décors sont d'abord à dominante végétale, puis ils laissent place à des représentations animalières et à des bateaux conquérants. Les couleurs évoluent aussi : le bleu de cobalt est utilisé de 1480 à 1520, avant de passer au bleu turquoise. C'est en 1530, qu'apparaissent les gammes des verts, du sauge à l'olive. 
En 1585, le Sultan décrète que toutes les productions d'Iznik seront réservées pour le Palais, ce qui entrainera le déclin de l'art ottoman, tombant dans l'oubli des esprits occidentaux. 

En 1878, l'Exposition Universelle de Paris dévoile les trésors céramiques Iznik de cette période oubliée. 
La redécouverte des décors va inspirer les céramistes tels que Théodore Deck, Edmond Lachenal, Léon Parvillé (1830-1885) ou encore Milkos Zolnay (1857-1922) en Hongrie et William de Morgan (1839-1917)  en Angleterre.  

Ci-dessous, une adaptation d'Edmond Lachenal presque à l'identique de la pièce conservée au musée.  
Lachenal
edmond lachenal plat à la panthere

A partir de 1890, Edmond Lachenal se consacre aux grès, puis aux grès flammés de forme et d'inspiration du Japon et de l'Art Nouveau. Ses œuvres s'imposent au grand public par la préciosité des émaux et la discrétion des décors dans un esprit naturaliste : vase aux décor de bambous, vase aux branches sous la neige, vase à décors de trèfles, vase aux iris, vase à décor de lézard ... 
Edmond Lachenal
Deux de ses élèves les plus connus sont Emile Decœur (1876-1953) et Henri Simmen (1880-1963), qui héritent du gout pour les émaux mats et les glaçures. 

Vers 1890, Edmond développe des couvertes mates ou semi-mates d'un chaleureux velouté grâce à l'utilisation de l'acide hydrochlorique. Cette technique donne une glaçure mate à effet satiné. Cette invention, reconnue par les sculpteurs comme valorisant leurs œuvres, lui permet de collaborer avec plusieurs d'entre eux, comme Agnès de Frumerie (1869-1937) , Auguste Rodin (1840-1917) vers 1895, René de Saint-Marceaux (1845-1915) . Il travaillera aussi avec l'architecte Hector Guimard (1867-1942). 
Le travail d'Edmond Lachenal est exposé à l'Exposition universelle de 1889, celle de 1900, au Salon de la Société nationale des beaux-arts à partir de 1891, et au Salon des Artistes Décorateurs dont il est membre actif en 1904.

Après 1904, Edmond Lachenal délaisse la céramique confiant son atelier à sa femme et son fils Raoul (qui prouvera aussi l'originalité de son talent dans la continuité de qualité technique de son père), pour s'orienter vers l'art dramatique. 

Acteur, il joue la comédie auprès de Sarah Bernhardt (1844-1923). 

Remarié en 1913, il se consacre alors à la peinture de chevalet et au pastel. 
Edmond Lachenal

Son autre fils Jacques Lachenal, qui a appris la technique du modelage et du tournage, prend en charge l'atelier (direction, production & promotion) qu'il oriente vers l'Art de la Table. 

Vers 1918 durant la guerre, le sous-lieutenant Jacques Lachenal crée un atelier de céramiques pour ses camarades blessés ou mutilés. D'après les archives nationales, si l'entreprise est familiale, Jacques en assure la direction. Ses relations avec des membres de l'Etat encourage la formation les hommes blessés à la céramique. L'année suivante, Jacques Lachenal organise la première exposition de céramiques exécutées par des blessés de guerre. Parmi les blessés, citons André Masson et Etienne Noel.

''Sous le vocable «Les Blessés de l’Atelier Lachenal », cet atelier a fonctionné tout de suite puisque les achats de l’Etat commencent en 1920. Les initiales de Jacques et bien d’autres céramistes, -dont certains n’ont pas été identifiés, faute d’archives-, sont parfois associées. L’émotion suscitée par ces blessés permit l’organisation du « Salon des Ateliers des Blessés » qui perdura, semble-t-il, jusqu’à la Seconde Guerre.'' dixit vente Drouot Richelieu du 18 décembre 2015.

Ci-dessous, une pièce à attribuer a été réalisée dans l'atelier Les Blessés, elle est presque à l'identique de la pièce ancienne conservée au musée du Louvre, dans les teintes vert jaune. 
Plat à décor animalier, vers 1575-1580, Turquie, Iznik, Paris, Musée du Louvre
Lachenal
edmond lachenal

Le peintre André Masson (1896-1987) a collaboré à la décoration de l'atelier de la famille Lachenal.  

Selon la vente Drouot Richelieu du 18 décembre 2015, un proche ami d'André Masson, Maurice Loutreuil
connaissait l’atelier artistique des Lachenal puisqu’il le mentionne dans une lettre écrite à sa
famille, datée de la fin du mois d’août 1912. "Gravement blessé pendant l'offensive du Chemin des Dames en avril 1917, Masson est réformé après la paix en 1919 puis gagne Céret où il rencontre Soutine et se marie au tout début de l’année 1920." C'est en 1919, durant sa convalescence, qu'il aurait collaboré dans l'atelier de céramique. 

André Masson connaît depuis la fin des années 1920 jusqu'au début des années 1930, des moments de crises et d'expériences d'un caractère assez extrême pour imprégner ce qui suivra. 
Associé au surréalisme dès 1924, André Masson s'écarte du groupe d'André Breton en 1929 ; la même année, il connaît deux ruptures, personnelle mais aussi professionnelle : avec son premier marchand, Daniel-Henry Kahnweiler (galerie Simon), qu'il quitte pour Paul Rosenberg Léonce Rosenberg, qui avait encouragé les peintres à pratiquer la céramique (cf. Catalogue, Céramique d'artiste, Troyes, note 76 p.33).

Texte © Christine Lavenu (publié le 30/06/2019 - maj le 12/04/2022)
Sources: 
La revue de la céramique et du verre novembre décembre 2019, numéro 229
La céramique contemporaine par Michel Faré - Compagnie des arts photomécaniques, Strasbourg, Paris 1953 - 
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