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André Aleth Masson (1919-2009)
Céramiste- sculpteur et peintre-graveur des années 50.
La voie artistique
Né fin 1919 à Saint Malo (Bretagne), de parents bistrotiers, le jeune André Aleth Masson
âgé de 19 ans entre à l’Ecole des Beaux-Arts de Rennes. Mobilisé un an à ses 20 ans durant la guerre (1949), il reprendra ses études d’art à Paris à la Libération. C’est à cette époque, en 1945, qu’il rencontre sa future femme Denise Blin, (également étudiante aux Beaux-Arts de Paris), avec qui il fondera une grande famille composée de sept enfants.
Le jeune couple suit une formation céramique à l’Ecole de Fontcarrade
à Montpellier. Retour à Paris, André modèle, sculpte et tourne et Denise fabrique et reproduit des poêles anciens en parallèle de sa peinture.
Après Paris, la famille s’installe à Barbery, près de Senlis de 1961 à 1977.
Un travail reconnu dans les expositions
André Aleth Masson expose au Salon des Indépendants
(Paris, 1950,1952).
Trois expositions personnelles (1952, 1955 et 1961) ont lieu à la galerie parisienne M.A.I
(‘Meubles, Architectures, Installations’, rue Bonaparte Paris, galerie qui expose des jeunes créateurs designers comme André Bloc, Charlotte Perriand, Jean Prouvé, Gino Sarfati…).
En 1953, chez M.A.I, il rencontre le jeune André Borderie, avec qui il se lie d'amitié.
En 1954, il participe aux expositions à Faenza (Italie), à Hilversum (Pays-Bas) et Helsinki (Finlande).
En 1952,1967,1696 et 1972, André Aleth Masson expose au Salon des Artistes Décorateurs (SAD), dont il restera membre actif jusqu’en 1980.
Dès 1962, les expositions au salon des Ateliers d’Art sont un succès, notamment avec les lampes, les panneaux architecturaux et la céramique murale.
Dès 1968, dans le cadre des expositions avec le mouvement 'le Mur Vivant', son travail est présenté en France et à l’internationale (Paris, 1972 Berlin 1972-75 Varsovie), ce qui attire l'attention des architectes qui lui passent commandes.
Le biomorphisme des années 50-60
Dans l’esprit du mouvement des jeunes céramistes de années 50, André Aleth Masson libère le volume utilitaire en accentuant les asymétries, les arrondies, surfant sur la tendance biomorphique dite de ‘formes molles’, zoomorphes ou anthropomorphes des années 50.
Parmi sa production : des tables basses, des services de tables (café, liqueur), des coupes, des cendriers cheminées, de vases, des bouteilles aplaties…
Citons aussi son vase chat emblématique, les jardinières bi-trilobées, les jardinières sculptures et les lampes ajourées sculpturales ‘organiques, futuristes et lunaires’
bicolores très appréciées du public …
En marche vers l’art mural et la sculpture
La fin des années 60 marque aussi l’apparition de claustras et des éléments plus sculpturaux comme des plaques murales émaillées au décor presque psychédélique, à dominante rouge, orange et noire, qui remplacent rapidement les formes utilitaires du céramiste.
La rencontre avec André Borderie
ouvre au céramiste de nouvelles projets collaboratifs en architecture céramique. Si Borderie est en charge de la conception (dessin maquette et calques grandeur réelle), Masson, par sa parfaite maitrise de l’émail, réalise la partie technique, citons entre-autre la commande de grands panneaux de 220 m2 du hall de la tour EDF de la défense en 1970 (mur céramique avec un émail au platine). Leur collaboration se termine en 1977 suite au départ du couple Masson en Bretagne.
Membre depuis 1968 du mouvement du ‘Mur Vivant’
(fondé par l’architecte Jean Merlet
et le sculpteur Robert Juvin, dont le but est l’intégration des arts dans l’architecture), André Aleth Masson développe l’art mural : citons le grand panneau de la cafétaria de la faculté de médecine de Grenoble (1967-1968 travail collaboratif avec André Borderie), le ‘Mur cratères’ (1969, évocation du relief lunaire et référence aux premiers de l’homme sur la Lune), le mur ‘Cascade de galets', … quant à Denise, elle réalise des cartons de tapisserie.
Des pièces murales architecturales sont aussi produites dans le cadre des commandes nationales du 1% pour les bâtiments publics, comme le panneau de 55 m2 pour le lycée de Dinan ou la fontaine pour le centre commercial de Rosny-2.
Aux éléments en céramique émaillée, Masson mêle des matières métalliques comme le platine ou le laiton.
La renaissance malouine : de l’abstrait mural émaillé au figuratif surréaliste peint
A l’aube des 60 ans, le couple s’installe à Saint Malo de 1977 (78) jusqu’en 2009.
Ce retour au pays natif de Masson est vécu comme une renaissance artistique. L’homme se fait alors appeler André Alteh Masson et signe AA Masson ou AAL Masson.
Leur galerie atelier (rue de la Corne-de-cerf) présente le travail d’André, les tapisseries de Denise, et parfois celles des grands artistes de l’époque comme Joan Miro, Sonia Delaunay, René Fumeron
…
Admirateur de la peinture de son épouse, Masson qui s’était déjà essayé en 1974 à la gouache et à l’acrylique, exploite ce nouveau médium sur tous les supports. Au fil du temps (milieu années 70), la peinture remplace l’émail de sa céramique : fini les contraintes de taille dans le four, fini les maux des caprices des cuissons dans le four, vive les couleurs posées sur les terres cuites : simplicité, économie et couleurs semblent les nouveaux mots d’ordres. Le bois découpé, le polystyrène, la toile s’invitent comme support, en complément à la terre.
L’univers de l’artiste évolue, délaissant l’abstraction des panneaux muraux pour un monde onirique et joyeux, autour d’un bestiaire multicolore très fantaisiste, parfois inspiré de croyance et de mythes des civilisations anciennes (Inca et Egypte). Ce sont des chats, des raies, des vaches volantes, des poissons clous, des poissons scies, des divinité aztèque, les douze apôtres, ….
La féminité est aussi une thématique exploitée avec un humour certain et des titres évocateurs : ‘abominable femme des neiges’, ‘la femme girafe’, ‘bouteille seins’ ….
Un esprit stylisé sur une ambiance surréaliste, tel un clin d’œil à Joan Miro
ou de Paul Klee, que revendique l’artiste.
Un œil à quatre mains : la gravure sur carton
En 1990, lors d’un voyage en Québec, le couple découvre la gravure sur carton. L’année suivante, ils retournent au Canada se former à cette technique.
De retour en France, c’est un travail à quatre mains que conjuguent les Masson : le succès est au rendez-vous dans leur propre galeriste malouine et les expositions d’art contemporain. Citons, la galeriste Ginou Larrouilh de Biarritz, qui promeut leur travail artistique de 1997 jusqu’en 2001.
Sont produites 330 gravures différentes à édition ultra limitée du fait de la non-conservations des cartons.
Une œuvre créative et prolifique !
De l’art mural à l’art graphique, de la céramique, des sculptures toute matière, ce sont près de 3000 œuvres innovantes laissés par André Aleth Masson, disparu en octobre 2009.
Une renommée moins connu du public, que celle de l’œuvre de Georges Jouve, d’André Borderie
ou Pierre et Vera Szekely, peut-être en raison de personnalité discrète de l’artiste et de son handicap auditif, le travail artistique d’André Aleth Masson, par son originalité, son design et sa qualité, témoigne pourtant de la vitalité de la céramique des années 50, de la sculpture, gravure et peinture des fameuses 30 glorieuses.
Son œuvre mérite un nouvel œil, indépendant des tendances spéculatives de la céramique des années 50, pour re-découvrir ce style unique.
Pour en savoir plus, consulter l’ouvrage très documenté de Thomas Leporrier,
‘André Aleth Masson, céramiste, peintre, sculpteur’.
Visualiser un extrait vidéo de l'exposition des œuvres de Denise et André-Aleth Masson à la Chapelle Saint-Sauveur de Saint-Malo du 9 au 31 mars 2013.
Texte ©Christine Lavenu, publiée 14/11/2025
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Sources, pour voir et en savoir plus :
Leporrier Thomas, André Aleth Masson : céramiste, peintre, sculpteur, Paris, TL éditeur, 2011
Wattel Jean-Jacques et Bénédicte - Mission céramique Collection, Editions Louvre victoire, 2013.
Meuble et Décor 1961
Revue de la céramique et du verre n°194.

