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Marie Delafosse (1994-)
Céramiste illustratrice à Cliousclat.
Atelier 'Amour Gloire et Poterie'.
Avec tendresse et passion, Marie Delafosse, alias Queeny-Marie conjugue illustration et terre vernissée pour dévoiler une terre de tradition imprégnée de poésie de mythes anciens et de drôles d'histoires !
« Des papillons je m’en ferai un banquet mon ventre alors sera si plein que je m’envolerai. »
Titre de la première exposition en solo de Marie Delafosse en Aout 2023, Galerie La Mostra ( Moustiers-Ste-Marie).
Le décor, comme une étincelle qui allume le feu
Née à Lille en 1994, Marie Delafosse
aime raconter des histoires. Son bac littéraire en poche, la jeune fille gagne Paris pour étudier l’illustration. Durant sa formation, c’est par hasard en accompagnant des collégiens lors des journées des métiers d’art, qu’elle découvre dans l’atelier de la céramiste d’Elise Lefebvre
qu’il est possible de « dessiner et en même temps faire des formes » : la terre sera un incroyable support pour conter ses histoires !
En parallèle de ses études d’illustration, Marie se forme auprès d’Elyse. En 2014, son diplôme des métiers d'art en poche, elle suit les cours de céramique aux Arts Déco à Strasbourg. Mais l’enseignement théorique du design artistique manque de pratique gestuelle (pas de tournage, pas d’émaillage, pas de cuisson … !).
En 2016, diplôme en poche, direction Dieulefit pour apprendre la technique de la terre à la Maison de Céramique de Dieulefit.
Les poches pleines de papiers diplômants, Marie a enfin les mains libres pour appréhender seule le tournage, et surtout maitriser le façonnage au colombin.
La terre vernissée, une tradition potière au cœur de la Drôme provençale.
C’est sur les contreforts du Pilat, surplombant la vallée du Rhône que Marie Delafosse installe à Maclas
son premier atelier surnommé ‘ Amour, Gloire et Poterie’. Ce titre humoristique reflète la personnalité de la jeune femme, éclairée de gaieté, d’espoir et de sourires sur la vie.
Comme une version moderne de Cendrillon dans sa loge poussiéreuse, elle est la ‘Queeny Marie’ du lieu, révélant la beauté de la boue à travers des pots en terre rehaussés d’or.
Toujours en quête de savoir, elle part trois semaines à Moustiers-Sainte-Marie
en stage chez Jérôme Galvin, qui l’aidera dans ses recherches. Elle y reste finalement une année, savourant le mélange de la faïence et du dessin.
Après un bref séjour à Vallauris, c’est à Cliousclat, village connu historiquement pour sa poterie utilitaire en terre vernissée, qu’elle pose ses valises en 2020.
Comme les anciens potiers qui pratiquaient la terre vernissée cuite faible température, elle utilise une faïence rouge, montée au colombin, puis applique un engobe blanc avant de déposer un décor par jus d’oxydes, suivi d'un émail transparent.
Utilisée pour les petites pièces, cette technique nécessite l’emploi du grès chamotté pour les grandes jarres.
Marie personnalise chaque pièce en apportant des bas-reliefs et des ajouts modelés. Elle dessine ou grave le décor avant de cuire plusieurs fois ses pièces (une cuisson spécifique est nécessaire pour la dorure).
Les décors sont posés sans dessin préalable en amont, de façon spontanée selon la gaieté du moment.
Le renouveau du sacré, vernissé et réhaussé d'or.
Marie Delafosse aime revisiter les ustensiles et les formes anciennes de la tradition populaire, en y intégrant son propre jardin secret peuplé de fantaisies amoureuses, de mythes antiques et de sacré.
Vives en couleur et relief, réhaussées d'or, ses Madones innocentes ne sont pas
des Grâces divines au visage parfait. Ses Dames du ciel, légèrement bancales et baroques, qui résonnent de bienveillance et de tendresse, font écho la sagesse de l'adage populaire 'la perfection n'est pas de ce monde' !
« J'ai fabriqué beaucoup de bénitiers ces temps-ci. J'aime bien m'inspirer d'objets anciens, d'objets rituels encore plus. Ceux-ci sont comme les bénitiers de chevets, et je ne sais pas en quoi vous croyez, mais mes bénitiers sont plein d'amour infini, de chevauchées célestes et de sirènes si petites qu'elles tiennent dans la main. »
« C’est l’hiver et j’ai tout misé sur les objets magiques. Il y aura des louches pour les cocktails mystiques, des bénitiers pour l’eau merveilleuse, des assiettes pour les gâteaux d’amour et bien sûr des chandeliers pour la lumière du soir. »
Marie, au pays des merveilles
Au fil du temps, en petit reine de la terre vernissée, Queeny-Marie coiffe les grandes jarres de diadème dentelé. Telle une poétesse de la terre, avec une allégresse sans pudeur, elle sculpte tout en couleur sa propre mythologie.
Véritable ode à la joie et à l’amour, ses personnages (des déesses dénudées, des couples d’amants enlacés, des sirènes, des anges, des poissons chat …) chevauchent un bestiaire d’oiseaux, de cervidés, de chevaux, de singes ….
Les singes de Queeny-Marie se seraient-ils échappés de la forêt vierge d’Henri Rousseau pour valser avec les anges d’un certain Chagall ?
Dans cet univers aérien où le rationnel est laissé au vestiaire du rêve, on pourrait entendre le merveilleux murmurer des mots bleus, ceux qui font danser les fleurs, ceux qui hypnotisent la lune, ceux qui soufflent aux oreilles des jarres le vertige du sentiment amoureux.
Ce délicieux mélange de mystère et de fantaisie scintillante ne peut pas laisser pas indifférent.
A l'opposé de la réalité violente du XXIe siècle, la poésie de l’œuvre folklore de Marie Delafosse est un hymne au bonheur, un gage d’espérance pour le futur.
Un travail d’une audacieuse force créative, à découvrir et à suivre !
« Aujourd'hui il neige, c'est plein de nostalgie la neige. Ce grand pot aussi est plein des dorures d'antan, il en fait toujours un peu trop quand il s'habille pour aller danser, il pense que briller c'est important, que la lumière et l'espoir c'est sûrement pas des paroles en l'air ! Je l'aime bien, ce pot. »
dixit Marie Delafosse
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Je remercie Marie Delafosse pour son sympathique accueil et le partage des photographies.
Texte © Christine Lavenu 02/08/2025
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Sources, pour voir et en savoir plus :
Entretien avec Marie Delafosse, Les Tupiniers du Vieux Lyon, 13 septembre 2024
Revue de la céramique et du verre, n°241