azais
Jean-Paul Azais (1952-)
Céramiste français
Né à Perpignan en 1952, l’artiste vit et travaille non loin, à Llauro, sur l’âpre terre d’Aspre, en Catalogne française.
Avec Jean Paulet, puis Pierre Bayle, il est considéré comme le pionnier de la Terre Sigillée contemporaine, après une éclipse de 1600 ans…
Dès 1971, Jean-Paul Azais
se forme à la céramique, en parallèle d’études de pharmacie qui lui donneront de solides bases scientifiques. Ses études de géologie puis de pharmacie lui ont permis de redécouvrir les secrets des vernis grecs (Figures noires sur fond rouge) et des vernis gaulois (les terres sigillées de la Graufesenque près de Millau).
Il s’agit de demander au feu de cuisson de déposer sur les œuvres recouvertes de ces vernis d’engobe, des nuages, des brouillards, des feux, des flaques d’eau après la pluie, des rêves d’argile… Ces œuvres reflètent la beauté de la terre via un processus technique d’une très grande rigueur.
« La leçon de la flaque m’a mis sur la voie des vernis naturels d’argile, mais les flaques peuvent également me séduire par leur beauté. Parfois, elles deviennent un milieu de vie transitoire pour des larves d’insectes, des abreuvoirs inespérés pour les oiseaux et les petits mammifères ou des écrins pour des feuilles mortes ».
Ce processus débute par la récolte des argiles qui sont utilisées pour tourner d’une part et pour préparer les vernis d’engobe d’autre part. La pâte préparée a les caractéristiques d’une faïence.
Le processus continue par le tour de potier, pour produire des contenants, aux formes symétriques parfaites, inspirées de la nature (Figue, Œuf, Nid, Grain de Blé, Roseau…), de la culture antique grecque (Jarre, Aryballe, Pyxide…) ou de l’imagination de l’artiste (Triangulo, Bouchon, Clou, Croûte et mie,…).
Ses pièces les plus récentes sont inspirées par une exploration du monde de l’alchimie (Fiole, Creuset, Tube à essai…).
La pièce est ensuite recouverte de ces fameux vernis d’engobe. Un tel vernis est obtenu par décantation d’un argile liquide dont on récolte les particules les plus fines flottant à la surface de ce liquide.
C’est un processus lent, souvent accéléré en utilisant des défloculants. JP Azais refuse cette « facilité » et lui préfère le procédé de lévigation, qui sépare les particules fines des plus grossières par la seule action de la gravité terrestre.
Le principe est simple : il faut faire couler l’argile très liquide dans un tuyau très long (plusieurs dizaines de mètres) sur un plan très faiblement incliné. Les particules les plus grosses se déposent au fur et à mesure que le liquide coule (lentement) et on ne récolte que les particules les plus fines au bout du tuyau. De plus, il faut répéter le processus plusieurs fois tout en nettoyant régulièrement le tuyau…
Il faut de la patience, beaucoup de patience…
Une fois posé par pulvérisation, le vernis est lissé soigneusement, puis la pièce sèche lentement avant de subir l’épreuve du feu. Le feu fait son œuvre lors d’une mono-cuisson, vers 1060°C, cuisson qui s’effectue par plusieurs étapes d’oxydation, de réduction, d’enfumage.
J.P. Azais a mis au point plusieurs types de courbes de cuisson, et cela lui permet d’obtenir des noirs, des bleus, des oranges, des kakis,… d’une grande richesse.
Tout est maîtrisé, tout est décortiqué.
Son livre « Un chemin de terre et de fumée »
est une mine d’informations, qui vous fera regretter de ne pas avoir écouté vos profs de chimie…
Mais le résultat n’est nullement aride ou austère : la terre et le ciel de Catalogne arrivent simplement chez vous…
Texte ©
Pascal Grojean c.25/04/2023
Sources :
Livre de Jean-Paul AZAIS « Un chemin de terre et de fumée » / autoédition, Les Clots 66300 Llauro / 2013 - disponible via son site web
Exposé de JP AZAIS lors de son exposition à la galerie Suisse AUBERT JENSEM lors du parcours Carougeois 2022
Chapitre « la céramique grecque » - histoire de la céramique, tome I Les grandes civilisations – Virginie ARMELLIN / éditions VIAL / 2019