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Nadia Pasquer (1940)


Céramiste française à Morogues, près de la Borne.


« J’aime  que la terre devienne une peau tendue autour d’un vide qui semble gonflé de l’intérieur, et qui appelle la caresse du regard et de la main.» Nadia Pasquer
Originaire du Jura (Lons-le-Saunier), née en 1940, Nadia Pasquer étudie le dessin à Paris, puis enseigne à son tour cette matière de 1962 à 1972, tout en pratiquant en amateur la céramique. 

En1965, à Ratilly elle découvre l’art du grès tourné. De 1970 à 1973, elle travaille la céramique en tant assistante dans l’atelier de Pierre Digan et Janet Stedman à la Borne.

Son mari enseigne à l’Ecole des Beaux-Arts à Bourges. 

Le couple s’installe près de la Borne, à Morogues en 1974. Nadia construit son four à bois, qui cuit à 1300°C. Elle travaille d’abord des pièces coulées en petite série, puis des pièces modelées en grès émaillé, véritables sculptures reprenant les formes végétales de la nature, et plus tard les thèmes inspirés de l’astronomie et de la géométrie. 
Nadia travaille aussi les basses températures enfumées.
Depuis 1989, elle adopte la technique de l’enfumage de pièces polies, cuites dans des fours à sciure

Ces fours en brique circulaires sont conçus en fonction des pièces façonnées et polies, qui sont prêtes à cuire. 

Ces dernières sont enfermées dans les sciures qui se consument très lentement à l’étouffée. Des plaques d’ardoise recouvrent le foyer de sciures.
nadia pasquer
En parallèle de son activité de céramiste, Nadia Pasquer est engagée pour défendre et promouvoir le métier dans sa région. Elle fait partie des 10 membres actifs avec John Bailey, Barbara Delfosse, Bernard Thimonnier, Solange Garotte, Claire Berger, Yves Marie Dumotier, Lucien Petit, Bernard Prigent et Emmanuel Buchet
Elle a aussi été l’assistante de Monique Mohy à l’Ecole des Beaux-Arts de Bourges. 
 Zoom sur son œuvre.  

 
Ses premiers grès font hommage à la Nature, des ‘portraits de paysage’ de la campagne berrichonne, évoquant des champs, des nuages, des végétaux, et tel un rêve enchanteur des ‘arbres aériens’ dont les hauteurs mènent au ciel. 

Rupture ou continuité … ? 
nadia pasquer
Les pièces plus récentes s’évadent plus haut encore dans les cieux jusqu’à atteindre le cosmos noir piqué d’étoiles et de constellations, représentés par des tracés et des trous sur la surface des sculptures. 
Tels des corps célestes, les formes ovoïdales polies d’un noir métallisé luisent d’un rouge sombre profond en écho aux mystères du scintillement de l’espace. Un noir capteur et émetteur de lumière. 

L'artiste privilégie la couleur unique (noir, blanc, bleu, rouge). Fin 2020,  elle explique à le Revue de la Céramique et du Verre : "Le choix du monochrome est pour moi la meilleure manière de mettre en valeur les volumes et, en même temps, de les irradier." D'ailleurs, son exposition de 2019 à la galerie de l'Ancien Poste, s'intitulait :  'Les couleurs de la nuit, les couleurs du ciel'.

La passion de Nadia pour l'espace commence au milieu des années 85  lors d'une rencontre avec la forme ovoïde, qui inspirera par la suite ses recherches. Cela s'imposait pour elle, "puisqu'il s'agit de 'l'œuf cosmique indien', symbole de la naissance du monde."


nadia pasquer ceramiste

Dans son univers sidéral, Nadia Pasquer donne naissance à des ‘comètes’, des ‘capteurs de lune’, des ‘sphères’, des ‘vaisseaux cosmiques’, des stèles à formes géométriques multifaces, des polyèdres étoilés. 

Des plaques carrées noires et luisantes, gravées de signes cosmiques ou de constellations pourraient nous conter la légende du ’Chemin des 7 planètes’ ou la création de l’univers. Des ‘toupies’ semblent tourner et tourner encore. Le mythe de l’ancien feu résonne toujours, l’énergie est bien là, compressée dans cette terre enfumée.  
La métamorphose continue d’opérer, les corps célestes se chrysalident en coquillage marin, en nautiles, en arrangement cristallin…

Et le voyage d’exploration de sa terre continue sa route poétique. 
L’œuvre de Nadia Pasquer nous interroge sur le mystère du cosmos et peut-être sur notre place dans l’Univers. 

Texte   ©Christine Lavenu (maj 26/07/2022)
Sources : 
Potiers d’aujourd’hui au pays de la Borne, Robert Chaton, Henri Talbot, Edition Delayance La Charité 1980
La Céramique française contemporaine, sources et courants, musée des Arts décoratifs, Paris, 1981.
Potiers de grès, sceaux et signatures de 1941 à 1985, Denis Goudenhooft, Edition Complément d'objets, 2010
Le centre de la céramique contemporaine de la Borne https://www.laborne.org/fr/nadia-pasquer/
La revue de la céramique et du verre, n°235, nov-dec 2020
La revue de la céramique et du verre, n°218, mai-juin 2001.
La revue de la céramique et du verre, n°226, sept-oct 2002.
La revue de la céramique et du verre, n°138, sept-oct 2004.
La revue de la céramique et du verre, n°131, juil-aout 2003.
La revue de la céramique et du verre, n°105, mars-avril 1999.
La revue de la céramique et du verre, n°62, jan-fev 1992.
La revue de la céramique et du verre, n°40, mai-juin 1988.
La revue de la céramique et du verre, n°31, nov-dec 1986.
La revue de la céramique et du verre, n°6, nov-dec 1982.
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