futamura


Yoshimi Futamura  (1959-)


Céramiste japonaise installée à Paris depuis 1986.

« La terre est le matériau de mes œuvres. Je cherche à exprimer son énergie et sa force naturelle ; Eau, terre, feu. Ce sont les trois éléments qui peuvent donner naissance à une nouvelle vie ».

Née en 1959 à Nagoya, c’est l’hommage télévisé rendu à Hamada, trésor national vivant, qui amène Yoshimi Futamura à étudier les techniques de la céramique de 1979 à 1982 à Seto (Japon). Elle sera initiée à la cuisson au bois et à la dimension spirituelle qu’elle incarne. Après un séjour au Sri Lanka comme conseillère en production et design dans une usine de fabrication de vaisselle, elle décide de continuer sa formation à l’Ecole supérieure d’arts appliqués Duperré à Paris.  

Fidèle au concept philosophique wabi-sabi, éloge de la beauté et la simplicité, l’artiste travaille dans l’esprit des pures traditions ancestrales japonaises, toujours en accord avec la matière. Son attachement à la céramique s’enracine dans les souvenirs de son enfance au Japon et de la cérémonie du thé.
« J’ai fait mes études de céramiques au Japon. Ce background influence évidement mon travail. Les belles transitions des quatre saisons, les fruits qu’elles apportent à l’archipel, et parfois la peur des catastrophes naturelles. La vie est très liée à la nature du Japon, et nous apprenons à la respecter. Maintenant depuis plus de trente ans, je vis à Paris. Ici, quand je trouve même une petite feuille dans la rue de cette grande ville, la nature continue de me donner de l’inspiration pour mon travail. Et je n’oublie jamais de prier quand je ferme la porte de mon four …. »

Yoshimi Futamura
Ci-contre, photographie Saburo, extrait de la revue de la céramique et du verre numéro 81, 1985. 

"Dans l’obscurité totale, les Racines plongent sous terre. Dans l’autre élan vital, elles s’élancent vers la lumière qui part ailleurs les a fait naitre. Libérées du sol, présentées suspendues, elles manifestent la force qui les attire vers la lumière et transmet la vie." 

Les Racines évoquent en particulier le peuple de Haîda, émigré au Canada depuis l’Asie en passant par le détroit de Bering depuis les temps les plus anciens. Les Racines, les Rhizomes reflètent l'instabilité (catastrophes et guerres) du monde actuel, d'où le besoin de retrouver un ancrage.

Yoshimi Futamura a été invitée à l’exposition 2022 (de mai à juillet) du Centre de Céramique Contemporaine de la Borne (CCCB). Durant la préparation de cet événement, éclate la guerre en Ukraine. En réponse,  l'artiste décide de mettre scène une série de têtes multicolores de 2014, tel un message de paix et de tolérance.

En 2021, elle a créé les œuvres Rebirth (Renaissance), puis en 2022 pour l’exposition du CCCB, Black Holes (Trou noir), qui traduit son inquiétude suite à l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima et au tsunami de 2011. 

  • Yoshimi Futamura

  • Les grandes vasques façonnées questionnent sur la fragilité de la vie. 
    En écho avec le monde minéral et végétal, la couverture de grès incrustés de porcelaine évoque l’empreinte du feu sur le bois; imprégnée de l’esprit de la forêt, l’écorce brulée semble recouverte d’une mousse porcelaineuse de cendre. Cela rappelle aussi le souvenir des tourments de la terre en fusion qui jadis jaillissait des volcans. 
    Mais ces forces telluriques qui provoquent tremblements, contorsions et failles semblent être brusquement figées, comme ensorcelées par un sort de pétrification. Les craquelures témoignent que le temps s’est brutalement arrêté. L’ouverture en forme de cratère ou de trou noir est comme un clin œil qui attire le visiteur à se travestir en voyeur pour découvrir ce qui se passe en son centre. 

    Est-ce le vide qui attire ? Le néant est-il niché au sein de la vasque ? Entendez-vous caché le souffle d’air portant la goutte d’eau qui fera battre le cœur et lui redonnera vie ? 

    Mystérieuses et fascinantes sont les créations de Yoshimi Futamura.


    Symboles des vestiges du combat du feu avec la terre, les Rebirth et Black Holes rendent hommage à la beauté de la nature, à sa sobriété. Envoutantes par leur splendeur, elles pourraient nous ‘faire tourner la tête’ jusqu’à en oublier le temps qui passe, et nous figer ainsi sur place. 
      
    Si l’œuvre poétique de Yoshimi Futamura questionne sur les effets du temps, elle rappelle aussi que la Terre est ’vivante', en constante activité. Par les séismes, les éruptions volcaniques, les tsunamis et autres, elle continue à son rythme la mutation des continents. 

  • Yoshimi Futamura

  • « Au Japon, on considère que la terre est vivante, elle représente un dieu, comme chaque élément de la nature. » dixit Yoshimi Futamura.

    Texte  ©Christine Lavenu (13 juillet 2022)
    Sources : 
    Exposition 2022, Centre de céramique contemporaine de la Borne.
    La revue de la céramique et du verre n°244, 127, 81.
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